Catherine Fieschi : « Sur l’Europe, Jordan Bardella est davantage proche de Giorgia Meloni que de Marine Le Pen »

Catherine Fieschi

Sur l’Europe, les nuances comptent au sein d’un même camp. Catherine Fieschi estime que Jordan Bardella se rapproche plus de Giorgia Meloni que de Marine Le Pen. Cette lecture éclaire des stratégies distinctes, entre pragmatisme et défiance. Elle aide aussi à comprendre pourquoi certaines alliances paraissent possibles, quand d’autres restent fragiles. Dans ce jeu, les mots sur Bruxelles pèsent lourd.

Catherine Fieschi classe les droites populistes selon leur modèle économique

Pour Catherine Fieschi, le marqueur central reste le degré d’illibéralisme, rapporte lexpress.fr. En Europe centrale et orientale, elle cite le PiS polonais et le Fidesz hongrois. Leur protectionnisme s’accompagne d’une protection sociale, mais souvent fermée aux étrangers. Dans plusieurs pays, ces partis gouvernent déjà. Ils revendiquent ce choix protectionniste.

À l’autre extrémité, elle décrit des partis plus libéraux économiquement. Elle évoque l’AfD, Reform UK, Vox et Fratelli d’Italia. Entre les deux, le RN et le PVV forment des profils hybrides. Leur programme mêle protection et ouverture, selon les sujets. Ils combinent plusieurs registres.

L’anti-immigration les réunit, mais avec des nuances, insiste-t-elle. Défendre le libéralisme tout en refusant l’immigration crée une contradiction. Giorgia Meloni l’aurait résolue « en sous-main », via des régularisations massives. Elle ajuste aussi les quotas selon les besoins de main-d’œuvre. Dans les sondages italiens, l’immigration recule vers la quatrième ou cinquième place.

Sur l’Europe, Catherine Fieschi distingue pragmatisme italien et souverainisme français

Catherine Fieschi rappelle que tous critiquent l’Europe, mais différemment. La question teste la crédibilité. Elle voit chez Giorgia Meloni un pragmatisme lié au plan de relance. Les 194 milliards d’euros promis à l’Italie ont pesé. Elle résume l’effet de cette « carotte » sur la ligne gouvernementale.

Elle ajoute un facteur culturel plus profond. Être pro-européen ferait partie de l’ADN italien, selon elle. Meloni s’inscrit aussi dans une continuité revendiquée, après Mario Draghi. Comme Viktor Orban, elle dit vouloir changer l’Union de l’intérieur. Marine Le Pen apparaît plus souverainiste et plus méfiante envers Bruxelles.

Jordan Bardella, à ses yeux, se situe plus près de Meloni sur l’Europe. La critique des élites vise parfois grands patrons et entrepreneurs. L’AfD, créée par des économistes hostiles à l’euro, garde une ligne libérale. Elle ménage les grandes entreprises et le tissu dense des PME.

Mondialisation, écologie et Russie fracturent la galaxie eurosceptique

La mondialisation crée des coalitions, explique l’entretien. Reform UK porte une tension héritée du Brexit et de 2016. Certains électeurs rejetaient mondialisation et immigration, quand Boris Johnson vantait « Global Britain ». Nigel Farage prône une ligne plus libérale. La coalition s’est formée pour raisons différentes.

Catherine Fieschi souligne aussi une part de cynisme sur le continent. Le PiS critique la mondialisation tout en restant très pro-américain, avant Donald Trump. En Hongrie, la Chine est l’investisseur numéro un, malgré l’hostilité affichée. Meloni s’est attaquée au revenu minimum garanti, héritage du Mouvement Cinq Étoiles.

Sur l’écologie, elle note le rejet du Pacte vert européen et la défense du nucléaire. Éoliennes et panneaux solaires sont accusés de défigurer la nature. Le bloc commun au Parlement européen échoue, surtout sur la Russie. Elle esquisse une matrice, mais juge incertain le pragmatisme du RN et de l’AfD.

Des équilibres européens encore mouvants pour la suite

Au fil de ses réponses, Catherine Fieschi décrit une droite populiste loin d’être uniforme. Entre modèles économiques, rapport à l’immigration et tactiques européennes, les lignes bougent. Le dossier russe reste un point de rupture au Parlement européen. Des rivalités pèsent sur les partenaires. Reste à voir si les partis sans expérience de gouvernement confirment leur pragmatisme, ou se durcissent durablement.

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