Garder une grosse somme facilement disponible rassure, surtout quand on craint une dépense imprévue ou un mois compliqué. Pourtant, cette sécurité apparente a un coût bien réel lorsque les prix augmentent et que l’argent reste inactif. En partant d’exemples concrets et des recommandations d’experts, ce texte montre comment mieux utiliser son compte courant sans perdre de vue la tranquillité du quotidien.
Quand un compte courant trop garni finit par coûter cher
En 2022, la déclaration de patrimoine d’Emmanuel Macron avait fait réagir en raison d’une ligne très visible. Le chef de l’État gardait près de 170 000 € sur un compte courant au Crédit mutuel. Beaucoup de ménages adoptent la même logique à une échelle plus modeste, persuadés de se protéger ainsi des imprévus bancaires et des agios.
Cette stratégie offre une impression de confort mais ne crée aucune valeur, car l’argent ne produit pas d’intérêts. Lorsque l’inflation progresse, le pouvoir d’achat de cette réserve diminue mois après mois. Goodvest rappelle que la somme affichée perd de la valeur réelle au fil du temps, surtout si les montants laissés sur le compte sont élevés.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes quand on compare différentes options de placement. Une épargne de 10 000 € sur un livret A rémunéré à 1,7 % atteint 10 170 € au bout d’un an. Avec une inflation proche de 1 % attendue en 2025, conserver la même somme sans rendement équivaut à perdre environ 100 € de pouvoir d’achat. Le phénomène se renforce encore plus lorsque l’inflation grimpe, comme en 2023.
Inflation, exemples chiffrés et profits silencieux des banques
La question ne se limite pas à quelques cas particuliers spectaculaires ou médiatisés. Dans de nombreux pays, la majorité des salaires arrive sur des comptes à vue avant d’être éventuellement déplacée. Au Royaume-Uni, plus de six millions de comptes dépassent 10 000 livres, soit environ 11 400 €, alors que l’inflation atteint 3,8 %. Les titulaires voient ainsi leur épargne se dégrader sans en avoir toujours conscience.
Un expert interrogé par le journal Metro insiste sur la fonction première de ce type de compte. Selon lui, un compte courant doit servir d’outil pour les dépenses quotidiennes, et non d’endroit où stocker de grosses sommes à long terme. Cette idée renvoie à une règle de base en gestion de patrimoine, qui distingue trésorerie de sécurité et épargne destinée à fructifier.
Goodvest souligne aussi un autre enjeu, moins visible mais loin d’être anecdotique pour certains clients. Même si l’argent ne rapporte rien à son propriétaire, il ne dort pas pour les établissements bancaires. Les fonds collectés servent à financer diverses activités économiques, parfois éloignées des préoccupations éthiques ou environnementales des épargnants. Sans le savoir, on peut ainsi soutenir des entreprises contraires à ses convictions.
Bien ajuster son compte courant aux dépenses du quotidien
À l’inverse, laisser une trésorerie trop faible oblige à surveiller l’application bancaire en permanence. La moindre dépense imprévue peut alors déclencher un découvert et des frais parfois élevés. Cette tension constante complique le suivi du budget et peut décourager les bonnes habitudes de gestion. Un équilibre doit donc se construire entre confort de trésorerie et rendement minimal.
Metro propose un repère simple pour les ménages britanniques interrogés dans son enquête. Le quotidien recommande de conserver en permanence entre 500 et 1 000 livres sur le compte chèques, soit environ 570 à 1 140 €. L’idée est de couvrir les dépenses courantes du mois et un petit imprévu sans immobiliser une épargne disproportionnée sur un support non rémunéré.
Goodvest juge néanmoins difficile de fixer une fourchette unique pour tous les profils et niveaux de vie. La plateforme invite plutôt chacun à lister ses dépenses récurrentes, comme le logement, le transport ou l’alimentation. Elle conseille ensuite d’ajouter une marge de sécurité d’environ 10 %, puis de laisser cette somme sur le compte courant. Le surplus peut être orienté vers des supports mieux adaptés au moyen ou au long terme.
Retenir l’essentiel pour une épargne qui travaille vraiment
Au total, les experts convergent vers une idée simple mais exigeante à mettre en pratique. Il s’agit de dimensionner le matelas de sécurité en fonction de ses charges habituelles, puis d’éviter de laisser grossir sans limite les sommes dormantes. Un compte courant calibré au plus juste protège à la fois du découvert, de l’érosion liée à l’inflation et d’un sentiment trompeur de sécurité financière.






