Retraite à 55 ans, prestations élevées… La Cour des comptes épingle la retraite des pilotes ainsi que des hôtesses de l’air

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Un rapport récent de la Cour des comptes relance le débat sur la retraite des personnels navigants. Les Sages y détaillent les avantages d’un dispositif complémentaire très généreux et soulignent la fragilité de son équilibre. Entre réserves abondantes aujourd’hui et risques de déséquilibre demain, l’institution financière interroge la soutenabilité de ce régime particulier. Le secteur aérien se retrouve ainsi sommé d’examiner ses pratiques sociales.

Un régime complémentaire aérien sous surveillance financière

Selon lefigaro.fr, au cœur du rapport figure la Caisse de retraite complémentaire des pilotes, hôtesses de l’air et stewards, CRPN. Cet organisme gère un système dédié aux personnels navigants, distinct du régime général des salariés du privé. La Cour des comptes insiste sur un caractère jugé coûteux et très favorable aux affiliés.

Le régime permet, sous certaines conditions, un départ anticipé dès cinquante cinq ans pour une partie des assurés. Les personnels concernés perçoivent alors leur pension complémentaire, associée à une prestation de majoration spécifique. Cette somme compense l’absence de pension du régime général tant que l’âge légal n’est pas atteint.

Selon la Cour des comptes, la caisse compte 36 000 actifs pour 25 000 cotisants. À court terme, le rendement élevé des réserves permet de combler le déséquilibre entre cotisations encaissées et prestations versées. Les Sages redoutent cependant qu’une vague de départs anticipés consume rapidement ces réserves financières.

Une retraite complémentaire jugée coûteuse et très favorable

Le rapport rappelle que les personnels navigants liquident leurs droits plus tôt que les autres salariés. Les pilotes partent en moyenne à 62 ans. Les personnels navigants commerciaux se situent autour de 58,5 ans en moyenne. À titre de comparaison, l’ensemble des assurés du régime général quitte la vie active vers 63,4 ans.

Cette chronologie particulière ne constitue pas la seule singularité du régime étudié. La Cour souligne aussi que le montant moyen des prestations dépasse nettement celui des pensions complémentaires. Ces dernières sont versées par l’Agirc Arrco aux autres salariés du privé. Elle explique cette différence principalement par les écarts de rémunération tout au long des carrières aériennes.

Pour les Sages, ces paramètres alimentent un dispositif très généreux, mais exposé aux chocs économiques ou démographiques défavorables. Le maintien durable de cette architecture suppose des ajustements sur les contributions, les prestations ou l’âge effectif de départ. La question posée dépasse le seul secteur aérien puisqu’elle renvoie à la soutenabilité globale de la retraite complémentaire professionnelle.

La gouvernance du régime de retraite au cœur des critiques

Au delà des chiffres, la Cour des comptes met en cause la gouvernance de la caisse. Elle recommande de revoir la composition du conseil d’administration afin de mieux représenter les hôtesses et stewards. Les Sages souhaitent également une présence accrue des femmes au sein de cette instance stratégique.

Le rapport préconise de renforcer le pouvoir de la direction générale pour clarifier les responsabilités. Les règles déontologiques en vigueur ne seraient pas appliquées avec toute la rigueur attendue. La Cour dénonce des manquements à la confidentialité et à la prévention des conflits d’intérêts.

Les Sages s’arrêtent sur le remboursement de frais de déplacement au président du conseil d’administration, pour un montant significatif. Ces dépenses auraient été validées sans contrôle suffisant. La caisse n’est pas en mesure d’attester la présence effective de l’intéressé aux réunions. Pour la Cour, ces dérives minent la confiance dans la gestion de la retraite complémentaire des navigants.

Les réformes possibles pour préserver la retraite des navigants

En rendant public ce diagnostic, la Cour des comptes met la pression sur les gestionnaires du régime. Les recommandations financières et de gouvernance devront maintenant trouver une traduction concrète autour de la table de négociation. L’enjeu sera de préserver la solidité de la retraite complémentaire des navigants sans casser les équilibres sociaux existants. Les décisions attendues pèseront aussi sur l’image sociale du transport aérien français.

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