Handicap : le gouvernement va-t-il définitivement renoncer au maintien de l’AAH après 62 ans envers tous les bénéficiaires ?

AAH

À l’approche de la retraite, de nombreux adultes handicapés scrutent les règles qui encadrent leurs revenus. La récente réponse du gouvernement sur le maintien de l’AAH après 62 ans clarifie partiellement le cadre. Elle laisse pourtant de fortes interrogations chez les parlementaires, les associations et les bénéficiaires concernés. Entre allocation, pension, aides vieillesse et arbitrages familiaux, chaque décision peut modifier durablement l’équilibre financier.

Une réponse gouvernementale qui ferme la porte sur l’AAH

En juillet et août 2025, selon flamme-service.fr, plusieurs députés ont interrogé la ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles. Ils voulaient savoir si l’allocation aux adultes handicapés, l’AAH, pourrait être conservée après 62 ans pour tous. Ils refusaient que cette possibilité reste réservée à une minorité de personnes déjà très protégées. Cette pression politique traduisait le malaise suscité par les règles actuelles de passage vers la retraite.

Entre ces questions et la réponse officielle, le portefeuille ministériel a changé de titulaire. Le dossier relève désormais de Charlotte Parmentier Lecocq, chargée de l’Autonomie et des Personnes handicapées. Le 2 décembre 2025, elle a rendu une réponse écrite très attendue. Ce texte met fin à plusieurs mois d’attente pour les élus et les personnes concernées.

Sa position confirme une ligne déjà tracée par la loi de finances pour 2023. Ce texte permet aux personnes dont le taux d’incapacité atteint au moins 80 % de conserver l’allocation jusqu’à 67 ans. Elles doivent encore travailler à 62 ans et ne pas être contraintes de liquider leurs droits à la retraite.

Réactions politiques, arguments juridiques et promesses de protection sociale

Les députés à l’origine des questions dénonçaient une rupture d’égalité entre personnes handicapées. Pour eux, limiter le maintien de l’allocation aux handicaps supérieurs à 80 % crée une injustice. Des milliers de seniors, avec une capacité de travail pourtant très réduite, restent exclus de cette protection. Ils voulaient aligner tous les bénéficiaires de l’AAH pour éviter des décrochages de revenus à la retraite.

Le gouvernement s’appuie sur une distinction juridique précise. Pour les personnes dont le taux d’incapacité se situe entre 50 % et 79 %, l’allocation repose sur une condition spécifique. Elles doivent démontrer une restriction substantielle et durable d’accès à l’emploi, souvent résumée par le sigle RSDAE. Selon cette lecture, continuer à verser l’allocation après 62 ans à des personnes déjà retraitées serait incohérent. Le dispositif est présenté comme centré sur l’accès au travail et non sur la retraite.

Le gouvernement met en avant d’autres filets de sécurité pour ces publics. À 62 ans, la retraite pour inaptitude permet une pension liquidée à taux plein, même sans carrière complète. En cas de droits très faibles, l’allocation de solidarité aux personnes âgées, l’ASPA, peut compléter les revenus. Elle peut parfois se combiner avec une activité professionnelle et certaines aides locales ou départementales.

Entre retraite, ASPA et AAH, un parcours souvent illisible

Pour les associations, la décision laisse intact le risque de décrochage financier au moment de la retraite. Le passage de l’allocation à une pension parfois modeste, avec ou sans ASPA, fragilise souvent les revenus. L’arrêt de l’allocation à 62 ans peut aussi être vécu comme un signal de mise à l’écart. L’avancée en âge ne fait pourtant pas disparaître les difficultés de santé ni les freins à l’emploi.

Le paysage des revenus de remplacement forme un véritable labyrinthe pour beaucoup de personnes handicapées. Entre pension de droit commun, retraite pour inaptitude, ASPA et minima sociaux, les repères restent flous. Les règles de cumul compliquent encore la projection d’un budget de retraite vraiment stable. Le rôle des caisses de retraite, des MDPH et des travailleurs sociaux devient central. Les pratiques d’accompagnement restent pourtant très inégales selon les territoires et les structures locales.

Dans ce contexte, une préparation anticipée devient indispensable plusieurs années avant 62 ans. Les personnes concernées peuvent demander un relevé de carrière et simuler leur future pension. Elles vérifient aussi leurs droits à la retraite pour inaptitude ou à l’ASPA auprès des organismes compétents. Un suivi régulier avec la MDPH aide à mesurer l’écart entre l’AAH et les futurs revenus de retraite. Ce travail préparatoire permet ensuite d’ajuster les choix d’activité, de logement ou de transmission patrimoniale.

Préparer dès maintenant un passage à la retraite plus lisible

Au total, la décision gouvernementale ne rouvre pas la question du maintien généralisé de l’AAH après 62 ans. Elle confirme un système fondé sur des seuils, des sigles et des filets de sécurité parfois mal compris encore. Pour les personnes handicapées, la marge de manœuvre se joue désormais dans l’anticipation, l’accompagnement spécialisé et la défense active de leurs droits sociaux.

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