Sur l’A10, près du péage de Saint Arnoult, les abords de la chaussée racontent une forme de déchet inquiétante. Bombonnes et capsules argentées s’accumulent au pied des glissières et sur les aires de repos. Le protoxyde d’azote y apparaît désormais comme une menace croisée pour la sécurité routière et la santé publique.
Protoxyde d’azote sur l’A10 et réseau Vinci
En 2024, selon actu.fr, Vinci Autoroutes a collecté plus de 1,5 tonne de bombonnes et de capsules de protoxyde d’azote. Ce total concerne l’ensemble de son réseau autoroutier. Ces résidus jonchent les voies, les aires de repos et les bandes d’arrêt d’urgence. Ils s’entassent parfois en petits amas au bord de la chaussée. Charlie, patrouilleur sur l’A10 entre les Yvelines et l’Essonne depuis 2010, observe cette montée en puissance.
Il rappelle que ces capsules existaient déjà mais en quantité bien plus limitée il y a quelques années. L’usage détourné du gaz lors des soirées les a rendues omniprésentes. Les rassemblements improvisés sur les parkings autoroutiers renforcent encore cette présence au bord des voies. Les petites cartouches pour chantilly laissent désormais la place à des bombonnes en grand format, bien plus visibles.
Face à ce changement d’échelle, la Fondation Vinci suit de près ce dossier devenu prioritaire. Sa directrice, Bernadette Moreau, souligne que les équipes d’entretien en ramassent chaque semaine davantage sur les autoroutes. Elle estime même que les 1,5 tonne recensées en 2024 restent en dessous de la réalité. Selon elle, les volumes pourraient encore augmenter d’environ 10 % en 2025. La fondation prévoit aussi un message d’alerte sur ses panneaux lumineux la soirée de la Saint Sylvestre.
Consommation de protoxyde d’azote et conduite à risque
Pour mieux mesurer cette pratique, Vinci a confié un sondage à l’institut Ipsos au début de juin 2025. Entre le 6 et le 13 juin, 2 256 personnes ont été interrogées. Elles étaient âgées de 16 à 75 ans. Les résultats montrent qu’une personne sur dix de moins de 35 ans a déjà consommé du protoxyde d’azote. Cette consommation intervient souvent lors d’une soirée entre amis.
Parmi ces consommateurs, un sur deux reconnaît en avoir pris avant ou pendant un trajet en voiture. L’enquête révèle aussi que 7 % des moins de 35 ans ont déjà été passagers d’un véhicule. Dans ces cas, le conducteur avait inhalé ce gaz avant de prendre la route. Pour la Fondation Vinci, ces chiffres confirment un risque bien réel pour la sécurité de tous.
Sur le réseau Vinci comme ailleurs, plusieurs accidents récents alimentent de fortes suspicions de consommation avant le choc. Une collision mortelle sur l’A8 près de Cannes le 26 juin 2025 et un drame à Alès le 3 décembre 2025 ont marqué les esprits. Bernadette Moreau rappelle toutefois qu’il n’existe pas encore de test fiable pour mesurer ce produit après un accident. La fondation échange avec des chercheurs pour faire avancer le développement de tels outils.
Un danger routier et environnemental qui interroge l’avenir
Les effets de ce gaz ne se limitent pas à quelques instants d’euphorie passagère comme certains usagers le croient. Selon la Fondation Vinci, ils peuvent durer entre trente et quarante cinq minutes. Ils provoquent étourdissements, trous noirs, pertes de connaissance ou même une paralysie. À 130 km/h sur autoroute, la moindre seconde d’inattention met en péril de nombreux conducteurs. Les passagers voisins se retrouvent eux aussi exposés à ce protoxyde d’azote.
L’organisme entend donc intégrer ce sujet à ses actions de prévention au même titre que l’alcool ou les stupéfiants. Il envisage de créer une simulation reproduisant les effets de ce gaz lors de ses villages de sécurité routière. Ces dispositifs compléteraient ceux déjà consacrés à l’alcoolémie et aux drogues, en ciblant particulièrement les jeunes conducteurs.
Le phénomène pèse aussi sur le quotidien des patrouilleurs qui interviennent au bord des voies pour ramasser les capsules. Les bombonnes représentent des déchets instables qui doivent être manipulés avec prudence afin d’éviter tout incident. Vinci travaille avec une société spécialisée dans les déchets d’équipements électriques et électroniques. Ce partenariat organise le traitement de ces bombonnes au centre d’exploitation de Ponthévrard. Ce site se trouve près de la barrière de péage de Saint Arnoult en Yvelines.
Un enjeu durable pour la sécurité routière et la santé des usagers
La multiplication des déchets et des usages détournés alerte désormais l’ensemble des acteurs de l’autoroute en France. Les volumes collectés et les résultats du sondage Ipsos confirment que le protoxyde d’azote s’est banalisé. Tant que les outils de détection resteront limités, la prévention gardera un rôle central. La responsabilité individuelle demeurera le premier rempart face à ce risque au volant.






