L’accident survenu à Alès ramène brutalement sur le devant de la scène le sort de trois adolescents, morts noyés dans leur voiture tombée dans une piscine privée, et le parcours chaotique de l’un d’eux, Amin, 15 ans, happé par le trafic de drogue. La parole de sa mère, bouleversée, interroge la capacité des institutions à protéger ces mineurs pris dans des réseaux violents et très organisés.
Un drame nocturne sur fond de rodéos et de trafic de drogue
Dans la nuit de mardi à mercredi, vers deux heures du matin, selon rtl.fr, une voiture avec trois garçons de 14, 15 et 19 ans circule à vive allure dans un quartier pavillonnaire d’Alès, dans le Gard. Le véhicule rate un virage, percute le muret d’une maison, se retourne et termine sa course dans la piscine, sur le toit, roues en l’air. Coincés dans l’habitacle, les occupants n’ont aucune possibilité de sortir.
Le bassin est à peine plus large que la voiture, ce qui empêche l’ouverture des portières. C’est un boulanger, qui rentre de sa nuit de travail, qui découvre la scène au petit matin et donne l’alerte. Les secours doivent vider la piscine pour extraire les corps des trois jeunes, déjà noyés dans une eau glaciale. Les premières constatations évoquent un décès lié à l’immersion plutôt qu’au choc initial.
Les enquêteurs relèvent dans la voiture des bouteilles d’alcool vides, de la résine de cannabis et des bonbonnes de protoxyde d’azote. Les autopsies montrent que le jeune de 19 ans est positif à l’alcool et aux stupéfiants, alors que le plus jeune, âgé de 14 ans, ne présente pas de trace de drogue. Les trois garçons, sans permis, étaient déjà connus des services de police pour des faits liés au trafic de drogue.
Le cri d’alarme d’une mère face au trafic de drogue
Parmi les victimes figure Amin, 15 ans, originaire de Nevers. Sa mère, Sandra, a pris la parole dans une vidéo sur TikTok, largement relayée. Elle y décrit un adolescent en rupture, multipliant les fugues, décrit comme un “trafiquant sous emprise”. Selon elle, son fils transportait récemment plus d’une centaine de grammes de cocaïne, de la résine de cannabis et plusieurs milliers d’euros en liquide.
Sandra explique qu’Amin affirmait toucher deux cent cinquante euros la journée. Elle dit avoir découvert ce quotidien parallèle du trafic de drogue en même temps que l’ampleur des sommes en jeu. Veuve depuis cinq ans, en difficulté financière, elle raconte avoir tenté d’alerter les autorités bien avant le drame, convaincue que son fils n’avait plus la maîtrise de ce qui lui arrivait.
Elle assure avoir demandé à l’État un placement pour sécuriser l’adolescent, qu’elle jugeait exposé à un environnement criminel. Amin a fugué de Nevers le 18 novembre et a été interpellé à Alès le week-end précédent l’accident, en flagrant délit de vente de stupéfiants. Confié à la protection judiciaire de la jeunesse après sa garde à vue, il parvient pourtant à s’échapper. Sa mère considère aujourd’hui que sa mort aurait pu être évitée.
Jeunes recrutés, quartiers sous tension et questions en suspens
Ce drame s’inscrit dans un contexte où des réseaux exploitent des adolescents pour des tâches à haut risque. Cela va de la tenue de points de vente à la conduite de véhicules pour les livraisons. Dans plusieurs villes du Gard, les autorités constatent une présence accrue de mineurs dans les circuits de stupéfiants. Les trois jeunes morts à Alès, identifiés comme Nael, Amin et Amine, étaient déjà signalés pour des faits de stupéfiants. C’est ce qu’indique la presse locale.
La nuit du drame, le véhicule avait été repéré en train de faire des rodéos. Selon le procureur d’Alès, il y a eu une « amorce de course-poursuite » avec la police. Les agents gardaient leurs distances avant de perdre la trace de la voiture. Une heure plus tard, celle-ci se retrouve encastrée dans la piscine. Une enquête pour recherche des causes de la mort doit établir le déroulé précis des événements. Elle doit aussi déterminer le rôle de chacun.
Au-delà des responsabilités individuelles, la situation interroge la chaîne complète de prise en charge des mineurs en danger. Cela va de l’alerte parentale aux décisions judiciaires. La trajectoire d’Amin illustre la difficulté à soustraire des adolescents à un trafic de drogue. Ce trafic promet des gains rapides et exerce une forte emprise. Les investigations se poursuivent pour éclairer les circonstances du drame et les failles éventuelles du système de protection.
Les familles brisées et les institutions face à un drame qui interroge tout le monde
Pour Sandra, et pour les proches des autres victimes, l’accident d’Alès ne se résume pas à une sortie de route tragique. Il symbolise la rencontre entre la vulnérabilité de très jeunes garçons et la violence d’un univers criminel qui les dépasse. La question de ce qui aurait pu être fait plus tôt demeure, douloureuse, au sein d’un quartier désormais endeuillé.






